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COLL-AB : quand un labo junior investit le Muséum !
Publié le 26 septembre 2023 – Mis à jour le 28 septembre 2023
COLL-AB (Collaborations - Collections d’Abomey et du Bénin) est autant un laboratoire junior du Labex SMS qu’un projet de diffusion de la recherche réalisé lors des journées européennes du patrimoine. Comment passer d’un projet de thèse individuel réalisé à l'Université à une recherche collective impliquant le Muséum ? C’est la grande question posée à Magali Dufau, doctorante au LISST.
Labo junior, labo de recherche… quelles différences ?
Un laboratoire junior est une structure temporaire d’initiation à la recherche. A ne pas confondre avec les laboratoires, unités de recherche ou unités mixtes de recherche, qui sont permanentes. Autre différence, les laboratoires accueillent les doctorant.es pour réaliser leur thèse alors que les laboratoires juniors sont portés par les doctorant.es. Il s’agit donc d’une activité de recherche menée en parallèle de la thèse.
La création d’un laboratoire junior par des doctorant.es répond à un besoin ponctuel et une envie commune d’unir leurs compétences sur un projet de recherche spécifique et pluridisciplinaire. Après acceptation du dossier de candidature, le laboratoire peut aussi accueillir des étudiants de master désirant s’initier aux pratiques académiques de recherche.
« Le laboratoire junior COLL-AB est né d’une volonté commune d’analyser le processus de recherches participatives mis en place pour approfondir les connaissances sur les biens culturels du Bénin présents dans les collections du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Mes travaux de thèse, qui s’intéressent aux pratiques muséales en général, m’ont amenée à voyager au Bénin. Sylviane Bonvin Pochstein, responsable des collections d’anthropologie culturelle au Muséum, m’a proposé d’emporter les fiches d’inventaire des biens provenant du Bénin, avec l’idée de les montrer aussi bien à des professionnels du patrimoine qu’à des détenteurs de savoirs traditionnels. Je ne savais pas alors que je rencontrerai autant de gens intéressés pour venir les étudier in situ à Toulouse ! » témoigne Magali Dufau.
COLL-AB : un projet sous le signe du patrimoine
La spécificité de COLL-AB est d’être un laboratoire junior international. Il se compose d’une dizaine de personnes : Daniel Abidjo (élève conservateur international à l’Institut National du Patrimoine, Paris), Alphalik Adamou (masterant à l’université Paris - Vincennes, Paris), Koffi Carmel Adossou (étudiant à l’Ecole du Patrimoine Africain, Porto-Novo), Marion Bertin (postdoctorante au labex DynamiTe, Paris), Sylvanus Bocovo (masterant à l’INMAAC, Abomey-Calavi), Anaïs Clara (doctorante à FRAMESPA, Toulouse), Anouk Delaître (doctorante au LISST, Toulouse), Magali Dufau (doctorante au LISST, Toulouse), Gbèhouèkan Sylvestre Edjekpoto (directeur de l’Institut Afrique Décide, Ouidah), Alexandre Girard-Muscagorry (doctorant au CRAL et conservateur du patrimoine, Paris) avec le soutien de Didier Houénoudé (professeur à l’INMAAC, Abomey-Calavi) et Sébastien Rayssac (maître de conférences HDR au LISST, Toulouse).
A l’occasion de la semaine culturelle franco-béninoise, le laboratoire junior a organisé et participé à plusieurs événements de médiation culturelle et scientifique en parallèle de l’organisation du colloque international « Provenances, enjeux et perspectives autour des biens culturels en provenance du Bénin conservés à Toulouse ».
Si en 2021 la France a restitué 26 œuvres au Bénin, n’allez pas croire que l’approche du labo junior est restreinte à cette actualité. Dans les activités de COLL-AB, comme dans la thèse de Magali Dufau, c’est plus largement la question de la multiplicité des savoirs, des savoir-faire et des perspectives sur les patrimoines, qui occupe les esprits.
« Nous avons hérité du XIXe siècle une certaine logique de répartition des collections entre les musées de sciences et les musées d’arts, entre les collections de spécimens naturalistes et d’artefacts culturels. Pour faire simple, on a placé dans nos musées d’histoire naturelle des biens culturels lorsqu’ils provenaient de populations vivant supposément proches d’un état de nature. Outre le caractère problématique d’une telle hiérarchie aujourd'hui bien révolue, c’est désormais le principe de l'universalité des sciences occidentales présentée dans les muséums qu’il faut analyser et reconsidérer par le recours à d’autres catégories de savoirs. » explique Magali Dufau.
Collaboration, diffusion : une dynamique de partage et d’ouverture
En centrant leur regard sur un thème aussi précis que ces biens culturels du Bénin conservés au Muséum, les membres du laboratoire junior ont mis en commun leurs savoirs et leurs pratiques de recherche. Au cours du colloque international, cette mise en commun s’est nourrie de l’expertise de chaque intervenant.e : cette mise en dialogue permet déjà d’élargir la réflexion sur les recherches collaboratives au Bénin à d’autres projets menés autour de collections africaines.
Les membres de COLL-AB sont ainsi confortés dans leur approche par la recherche participative. Une approche pluridisciplinaire et interprofessionnelle qui réunit autour de questions et d’objets communs le monde de l’université, le monde du musée et la société civile pour co-construire les savoirs. Une approche également engagée dans la circulation des savoirs et dans les actions de médiation culturelle et scientifique qui ont connu un franc succès lors des Journées Européennes du Patrimoine !
« Nous avons encore du travail pour construire une méthodologie de recherche commune et ce quelle que soit l’origine géographique de la collection étudiée. C’est en poursuivant le dialogue entre les divers détenteurs de savoirs et de savoir-faire que nous y arriverons. Si les chercheurs et les conservateurs détiennent certaines connaissances sur les collections, nous ne devons pas négliger les autres catégories de savoirs : un musicien porte un regard complémentaire sur un instrument de musique ; un bokonon (intermédiaire avec le monde invisible) apporte d’autres savoirs sur les biens liés à la consultation du Fa, son activité quotidienne. Les visiteurs du musée et des jardins, les participant.es aux ateliers d’arts plastiques réalisés à partir des biens du Bénin, la performance en mouvement et l’atelier d’initiation à l’afrodance de la compagnie James Carlès… Tout cela nourrit la recherche et renouvelle notre approche du patrimoine. Car le patrimoine n’est pas seulement derrière une vitrine, le patrimoine est bien vivant ! »
© photographies : Franck Alix / Museum de Toulouse
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La semaine culturelle franco-béninoise à Toulouse a bénéficié des financements conjoints du Labex SMS (Toulouse), du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, de l’Institut français, de la Mairie de Toulouse, de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et de la commission Diffusion des savoirs de l’université Toulouse - Jean Jaurès.