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Jérémy Forni, zoom sur un ancien étudiant
Publié le 28 juin 2016 – Mis à jour le 26 octobre 2018
Diplômé de l’ESAV, Jérémy Forni a fondé sa propre maison de production Chevaldeuxtrois. Celle-ci vient d’assurer la production déléguée de Baden Baden (2016) le premier long métrage de Rachel Lang présenté en compétition à la Berlinale et vu dans près de 30 festivals internationaux. Baden Baden après sa sortie en France en mai, sortira à l’automne en Allemagne, en Pologne, en Angleterre et aux États-Unis.
Quel a été votre parcours universitaire ?
J’ai passé une licence en histoire à l’université de Strasbourg avant d’être reçu en 2002 au concours d’entrée de l’École Supérieure d’Audiovisuel (ESAV) à Toulouse. J’étais très fier, car c’est un recrutement international où les étudiants viennent de milieux sociaux très différents. L’ESAV est une école assez atypique dans le milieu de l’enseignement supérieur, car c’est la seule école publique d’audiovisuel et de cinéma en dehors de Paris (École nationale supérieure Louis-Lumière et la Fémis).
J’y suis resté 5 ans, jusqu’à l’obtention d’un DURCA (Diplôme Universitaire de Recherche et de Création en Audiovisuel), à la suite d’un Master 2. La première année, tous les étudiants ont un tronc commun puis, ils choisissent ensuite une spécialité parmi la réalisation, l’image et le son…
J’ai terminé mes études à l’ESAV par la réalisation d’un film documentaire intitulé « Traces de lutte » sur le milieu ouvrier en Franche-Comté et sa représentation dans les années 1960 et 1970. Grâce à l’accompagnement très pertinent que j’ai reçu, le film a pas mal circulé dans les festivals en France, et m’a permis une vraie reconnaissance professionnelle.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le milieu du cinéma ?
C’est difficile de répondre à cette question. Je pense que c’est avant tout une manière de parler du monde d’aujourd’hui tel qu’il est. Après « Traces de lutte », j’ai réalisé un second film documentaire Après la gauche (2010) en partenariat avec Planète, LCP et Mediapart. Ce film interroge les grandes figures de la pensée contemporaine (de Toni Negri à Susan George, en passant par Lionel Jospin ou Jean Ziegler), sur ce que c’est qu’être de gauche au XXIème siècle, 20 ans après la chute du mur de Berlin.
Comment s’est déroulée votre insertion professionnelle ?
Les premières années après l’obtention de mon diplôme à l’ESAV, j’ai pas mal navigué entre Paris et Bruxelles, des villes que j’affectionne particulièrement. J’ai effectué des stages, un premier en Belgique, où j’ai réalisé des films pour les musées. Puis, je suis monté à Paris qui est le centre de décision du cinéma en France. J’ai été engagé comme assistant au côté de l’auteur réalisateur Jean-Pierre Krief pour le film la Machine populiste (2007). L’école m’a permis d’être un véritable « couteau suisse », de savoir faire des images ou les monter, etc. Cela fait 7 ans que nous avons créé la société de production Chevaldeuxtrois avec Pierre- Louis Cassou, un camarade de promotion de l’ESAV.
En quoi consiste votre travail aujourd’hui ?
Pour bien comprendre, imaginez que vous êtes sur un bateau, le réalisateur c’est le capitaine, les marins ce sont les techniciens et l’armateur le producteur.
Le réalisateur porte un projet de l’écriture à la diffusion. Le producteur doit quant à lui trouver les sources de financement du projet et accompagner l’auteur de bout en bout. Il prend la responsabilité du tournage et il doit livrer le film aux différents partenaires.
Je viens de terminer un projet sur 4 ans de long métrage fiction intitulé Baden Baden. Ce film a nécessité 7 à 8 semaines de tournages et une centaine d’intervenants. Il a fallu accompagner longuement sa réalisatrice Rachel Lang, collaborer avec elle sur tous les sujets et trouver des sources de financement. Pour avoir une idée, on se situe sur des budgets autour de 2 millions d’euros.
Aujourd’hui, notre société de production se positionne, outre ses activités de films d’auteur, sur des films publicitaires ou du vidéoclip … Je dirais que nous marchons sur trois pieds.
Que vous a apporté votre formation aux métiers de l’audiovisuel à l’ESAV (UT2J) ?
Il faut savoir qu’il n’y a pas de vraie filière production à l’ESAV, ce qui est un peu dommage, mais la qualité et la diversité de la formation reçue dans les autres secteurs des métiers du cinéma, permettent d’avoir une bonne partie des cartes en main pour réussir. Les enseignements fonctionnent par atelier « workshop » et des forums sont organisés régulièrement. Ils permettent aux étudiants de se réunir pour discuter de leur travail respectif et apprendre les uns des autres.
La pédagogie de l’école est singulière. On nous fait confiance, on peut tout essayer, tout expérimenter, si on est convaincu de son projet. L’ESAV met à notre disposition des moyens financiers, humains et matériels. En formation, les étudiants ont accès à des appareils de prise de vue très coûteux, à un studio et à tout ce qu’il faut pour la postproduction de leurs films.
On peut dire que l’école constitue une famille. J’ai reçu, pendant mes études, un soutien fort de la part des professeurs et dirigeants de l’ESAV. Cet accompagnement peut nous aider à créer notre réseau professionnel.
Pour tout cela, je suis très reconnaissant envers cette école.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui voudraient suivre votre voie professionnelle ?
Il faut être persévérant, la réalisation c’est un sport de haut niveau, de combat. Il faut être volontaire, être prêt intellectuellement et physiquement.
En 2015 par exemple, il y a eu 1500 courts métrages de produits et seulement 70 premiers longs métrages, les places sont donc chères ! Il y a peu d’élus. Bien que nous soyons dans le 4ème pays au monde en terme de production audiovisuelle, le marché est très concurrentiel.
Au niveau de l’école, le futur étudiant doit être volontaire, expérimenter, s’essayer à différentes filières et choisir ensuite. Tous ne deviendront pas réalisateurs ou scénaristes, mais il y a mille autres manières d’exercer sa passion. Il y a parmi nos ainés plusieurs parcours exemplaires. C’est le cas de Sarah Arnold. Deux ans après l’obtention de son diplôme à l’ESAV, elle a reçu en 2014 pour son court métrage Totems, le Léopard d’or au Festival international du film de Locarno en Suisse, ou celui d’Éric Valette réalisateur de Maléfique (2003) et de La proie (2011)…
(Légende de la photo : de gauche à droite : Pierre-louis Cassou et Jérémy Forni ©Chevaldeuxtrois)
J’ai passé une licence en histoire à l’université de Strasbourg avant d’être reçu en 2002 au concours d’entrée de l’École Supérieure d’Audiovisuel (ESAV) à Toulouse. J’étais très fier, car c’est un recrutement international où les étudiants viennent de milieux sociaux très différents. L’ESAV est une école assez atypique dans le milieu de l’enseignement supérieur, car c’est la seule école publique d’audiovisuel et de cinéma en dehors de Paris (École nationale supérieure Louis-Lumière et la Fémis).
J’y suis resté 5 ans, jusqu’à l’obtention d’un DURCA (Diplôme Universitaire de Recherche et de Création en Audiovisuel), à la suite d’un Master 2. La première année, tous les étudiants ont un tronc commun puis, ils choisissent ensuite une spécialité parmi la réalisation, l’image et le son…
J’ai terminé mes études à l’ESAV par la réalisation d’un film documentaire intitulé « Traces de lutte » sur le milieu ouvrier en Franche-Comté et sa représentation dans les années 1960 et 1970. Grâce à l’accompagnement très pertinent que j’ai reçu, le film a pas mal circulé dans les festivals en France, et m’a permis une vraie reconnaissance professionnelle.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le milieu du cinéma ?
C’est difficile de répondre à cette question. Je pense que c’est avant tout une manière de parler du monde d’aujourd’hui tel qu’il est. Après « Traces de lutte », j’ai réalisé un second film documentaire Après la gauche (2010) en partenariat avec Planète, LCP et Mediapart. Ce film interroge les grandes figures de la pensée contemporaine (de Toni Negri à Susan George, en passant par Lionel Jospin ou Jean Ziegler), sur ce que c’est qu’être de gauche au XXIème siècle, 20 ans après la chute du mur de Berlin.
Comment s’est déroulée votre insertion professionnelle ?
Les premières années après l’obtention de mon diplôme à l’ESAV, j’ai pas mal navigué entre Paris et Bruxelles, des villes que j’affectionne particulièrement. J’ai effectué des stages, un premier en Belgique, où j’ai réalisé des films pour les musées. Puis, je suis monté à Paris qui est le centre de décision du cinéma en France. J’ai été engagé comme assistant au côté de l’auteur réalisateur Jean-Pierre Krief pour le film la Machine populiste (2007). L’école m’a permis d’être un véritable « couteau suisse », de savoir faire des images ou les monter, etc. Cela fait 7 ans que nous avons créé la société de production Chevaldeuxtrois avec Pierre- Louis Cassou, un camarade de promotion de l’ESAV.
En quoi consiste votre travail aujourd’hui ?
Pour bien comprendre, imaginez que vous êtes sur un bateau, le réalisateur c’est le capitaine, les marins ce sont les techniciens et l’armateur le producteur.
Le réalisateur porte un projet de l’écriture à la diffusion. Le producteur doit quant à lui trouver les sources de financement du projet et accompagner l’auteur de bout en bout. Il prend la responsabilité du tournage et il doit livrer le film aux différents partenaires.
Je viens de terminer un projet sur 4 ans de long métrage fiction intitulé Baden Baden. Ce film a nécessité 7 à 8 semaines de tournages et une centaine d’intervenants. Il a fallu accompagner longuement sa réalisatrice Rachel Lang, collaborer avec elle sur tous les sujets et trouver des sources de financement. Pour avoir une idée, on se situe sur des budgets autour de 2 millions d’euros.
Aujourd’hui, notre société de production se positionne, outre ses activités de films d’auteur, sur des films publicitaires ou du vidéoclip … Je dirais que nous marchons sur trois pieds.
Que vous a apporté votre formation aux métiers de l’audiovisuel à l’ESAV (UT2J) ?
Il faut savoir qu’il n’y a pas de vraie filière production à l’ESAV, ce qui est un peu dommage, mais la qualité et la diversité de la formation reçue dans les autres secteurs des métiers du cinéma, permettent d’avoir une bonne partie des cartes en main pour réussir. Les enseignements fonctionnent par atelier « workshop » et des forums sont organisés régulièrement. Ils permettent aux étudiants de se réunir pour discuter de leur travail respectif et apprendre les uns des autres.
La pédagogie de l’école est singulière. On nous fait confiance, on peut tout essayer, tout expérimenter, si on est convaincu de son projet. L’ESAV met à notre disposition des moyens financiers, humains et matériels. En formation, les étudiants ont accès à des appareils de prise de vue très coûteux, à un studio et à tout ce qu’il faut pour la postproduction de leurs films.
On peut dire que l’école constitue une famille. J’ai reçu, pendant mes études, un soutien fort de la part des professeurs et dirigeants de l’ESAV. Cet accompagnement peut nous aider à créer notre réseau professionnel.
Pour tout cela, je suis très reconnaissant envers cette école.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui voudraient suivre votre voie professionnelle ?
Il faut être persévérant, la réalisation c’est un sport de haut niveau, de combat. Il faut être volontaire, être prêt intellectuellement et physiquement.
En 2015 par exemple, il y a eu 1500 courts métrages de produits et seulement 70 premiers longs métrages, les places sont donc chères ! Il y a peu d’élus. Bien que nous soyons dans le 4ème pays au monde en terme de production audiovisuelle, le marché est très concurrentiel.
Au niveau de l’école, le futur étudiant doit être volontaire, expérimenter, s’essayer à différentes filières et choisir ensuite. Tous ne deviendront pas réalisateurs ou scénaristes, mais il y a mille autres manières d’exercer sa passion. Il y a parmi nos ainés plusieurs parcours exemplaires. C’est le cas de Sarah Arnold. Deux ans après l’obtention de son diplôme à l’ESAV, elle a reçu en 2014 pour son court métrage Totems, le Léopard d’or au Festival international du film de Locarno en Suisse, ou celui d’Éric Valette réalisateur de Maléfique (2003) et de La proie (2011)…
(Légende de la photo : de gauche à droite : Pierre-louis Cassou et Jérémy Forni ©Chevaldeuxtrois)