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Marianne Mannani, zoom sur une ancienne étudiante
Diplômée en 2011 d’un Master 2 recherche en Arts Appliqués à l'UT2J, Marianne Mannani est aujourd’hui la fondatrice de Surboom, une entreprise spécialisée dans l'upcycling qu'elle a créée.
Je m’appelle Marianne Mannani, j’ai passé une année à l’UT2J, en 2010-2011, pour passer un Master 2 recherche en Arts Appliqués avec un sujet de recherche portant sur la représentation cartographique des émotions. Lors de ma dernière année de DSAA (Diplôme Supérieur en Arts Appliqués), j'ai travaillé sur un projet alliant recherche théorique et pratique. J’avais l’impression que ce travail n’était pas assez abouti et j’éprouvais le besoin de le prolonger. De plus, je souhaitais valider un Bac+5, car à l’époque, le DSAA n’offrait qu’un Bac+4.
Quant aux souvenirs, je garde en mémoire une ambiance radicalement différente de mes précédentes expériences académiques. Mes études antérieures étaient très uniformes en termes de parcours et d’aspirations. À l'UT2J, j’ai côtoyé des personnes aux parcours, âges et ambitions variés, ce qui m’a ouvert à des perspectives bien plus diversifiées que je ne l’aurais imaginé, rompant avec la vision conventionnelle que j’avais du monde étudiant, et de mon parcours professionnel en devenir.
Comment êtes-vous passée de vos études à l'entrepreneuriat dans l'upcycling ?
Pendant mes études, j’avais déjà un statut d’entrepreneure, principalement pour facturer des prestations en graphisme en complément de mes activités. J’ai continué à exercer en freelance tout en étant salariée, sans imaginer un jour me consacrer entièrement à une activité entrepreneuriale. Ce n’est que bien plus tard, après avoir quitté mon emploi salarié, que j’ai pris la décision de me lancer à 100% dans l’entrepreneuriat, et c’est là que l’upcycling est apparu comme une évidence.
Que vous a apporté votre formation à l'UT2J dans votre parcours d'entrepreneuse ?
Ma formation à l’UT2J a été un véritable tremplin pour prendre confiance en moi. Obtenir mon diplôme était une immense victoire, surtout en venant d’une filière professionnelle (CAP/Bac Pro). Cette expérience m’a également permis de développer une méthodologie de travail solide, une capacité à rechercher et croiser les informations, des compétences qui me servent aujourd’hui à garder un esprit critique et à construire les bases transversales de mon activité d’entrepreneure.
Qu’est-ce qui vous a inspirée à créer votre entreprise, Surboom et pouvez-vous nous expliquer en quoi elle consiste ?
J’ai lancé Surboom en 2021, après avoir ressenti une profonde lassitude dans mon dernier emploi salarié en tant que développeuse web front-end. Le travail manuel me manquait cruellement, et l’idée de passer mes journées devant un écran à coder des solutions à repenser constamment me démoralisait. J’aspirais à créer des objets durables, à me reconnecter à une production tangible, tout en évitant la surproduction.
Pourquoi avez-vous choisi l'upcycling comme domaine d'activité ?
L' upcycling s’est imposé naturellement lorsque j’ai pensé à mon projet. Je ne voulais pas contribuer à la surproduction de matières premières ni à l’exploitation des ressources humaines et environnementales. L’upcycling me permet d’allier mes convictions politiques à une démarche créative durable. C’est lors du premier confinement, avec une machine à coudre et des vêtements d’enfants trop petits, que j’ai pu tester cette approche. Le résultat m’a convaincue de lancer Surboom.
Comment votre entreprise contribue-t-elle aux transitions sociale et écologique et quels défis avez-vous rencontrés en lançant votre entreprise dans ce domaine?
Ma contribution à la transition écologique peut sembler modeste, mais je pense que mon rôle est avant tout de montrer qu’il est possible de faire autrement. J’espère que mon approche pourra inspirer d’autres initiatives, plus vastes et avec un impact plus important.
L’entrepreneuriat est jalonné de défis. On doit jongler avec de nombreuses tâches que l’on ne maîtrise pas forcément au départ. Mon principal défi actuel est de trouver un équilibre financier. Créer des pièces artisanales à des prix accessibles est compliqué en France, où le coût du travail est élevé. L’upcycling est souvent perçu comme une manière d’obtenir des matières premières à bas coût, mais cela ne prend pas en compte les nombreuses étapes de recherche et de préparation, qui augmentent le temps et le coût de chaque pièce. Il est donc essentiel d’éduquer à une consommation plus responsable.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels qui souhaitent s'engager dans des métiers de transition écologique et sociale ?
D’abord, je les féliciterais pour leur engagement, puis je leur conseillerais d’être patients et persévérants. Le parcours entrepreneurial est semé d’embûches, avec des moments d’euphorie et d’autres de stagnation. En matière de transition écologique et sociale, les choses évoluent, mais les habitudes sont encore tenaces. Il faut savoir avancer malgré les obstacles.
Quels sont vos projets futurs pour Surboom et pour vous-même ?
À court terme, je souhaite consolider Surboom. À plus long terme, j’aimerais créer un espace dédié au surcyclage, où je pourrais transmettre mon savoir-faire et partager l’amour du bricolage, car le surcyclage, c’est avant tout du bricolage et de la créativité manuelle.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter ou un message particulier que vous souhaitez transmettre ?
Je dirais qu’il est essentiel de s’entourer, de s’ouvrir aux autres et de rester curieux. Ces échanges nourrissent nos projets et nous permettent de progresser. Il ne faut pas se limiter à un réseau d’individus partageant les mêmes intérêts, mais plutôt enrichir ses perspectives à travers des rencontres variées.
3 questions bonus pour conclure :
- Un livre ou une ressource ou une personne qui vous a particulièrement inspirée ?
Une rencontre marquante avec une dame dans un train. Nous avons discuté pendant tout le trajet Toulouse-Nantes. Je venais d’obtenir mon Master, et elle venait de devenir grand-mère. Cette conversation m’a profondément inspirée.
- Un conseil que vous auriez aimé recevoir plus tôt ?
Avancer à petits pas est toujours mieux que de rester immobile. L’important, c’est de sentir que l’on progresse.
- Votre endroit préféré sur le campus de l'UT2J ?
J’adorais passer du temps à la BU !