« Pas dans Montaigne, mais dans moi » Lectures empathiques des essais

Publié le 11 juillet 2024 Mis à jour le 12 juillet 2024
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« Ce n’est pas dans Montaigne mais dans moi que j’y trouve tout ce que j’y vois » : cette formule célèbre de Pascal (Pensées, Laf. 737, Sel. 617) exprime mieux que toute autre, ne serait-ce qu’en raison de l’équivoque qu’y ménagent les pronoms adverbiaux, l’effet de proximité, de reconnaissance et de connivence que la fréquentation des Essais de Montaigne a suscité à travers le temps.

On aimerait donc ici recenser les jalons et figures, en France, en Europe et au-delà (avec, pour exemples, Bayle, Diderot, Flaubert, Sainte-Beuve, Nietzsche, Emerson, Gide, Alain, Zweig ou encore Thibaudet), de cette approche empathique voire « éthique », dont l’histoire chemine parallèlement, sans toutefois l’exclure toujours mais en la concurrençant dans sa sagacité parfois, à la veine intellectuelle, savante et « objectivante » de l’herméneutique montaignienne. On replacera alors ces lectures dans leurs contextes, en pouvant être éventuellement attentif à leur facture stylistique, ainsi qu’en envisageant l’importance et l’impact des Essais chez les auteurs examinés comme dans leurs oeuvres.

Il conviendra également de s’interroger sur les raisons de ce sentiment d’intimité, à partir du texte même des Essais cette fois. L’« éloquence du for intérieur » (M. Fumaroli), l’« écriture comme présence » (G. Defaux), les modalités de la « peinture » et de l’autoportrait, ou encore la volonté d’« être ailleurs qu’en papier » (selon les dires de l’écrivain dans le chapitre « De la ressemblance des enfants aux pères », II.37), pourront être alors convoquées, non sans peut-être qu’on en pointe certaines limites, et qu’on mobilise d’autres paramètres pour rendre compte du phénomène. Au final, l’oeuvre de Montaigne devrait permettre une traversée des traditions critiques, des communautés interprétatives, et de s’interroger entre autres sur les raisons de ce que, bien avant les années 1980, elle avait permis de façon exemplaire d’anticiper le « tournant éthique » dans les théories de la lecture littéraire.

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