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2 chercheuses du laboratoire ERRAPHIS lauréates 2024 de l'IUF !

Publié le 2 juillet 2024 Mis à jour le 2 juillet 2024

L'Institut Universitaire de France accueille Elsa Dorlin et Claudia Serban parmi ses nouveaux membres en primant leurs projets de recherche issus de la philosophie. Rencontre avec l’une d’entre elles.

Originaire de Roumanie et arrivée en France il y a maintenant 20 ans, Claudia Serban a d’abord étudié à Paris. Passée par la Sorbonne, elle y a effectué son travail de thèse dans le champ de la phénoménologie allemande en étudiant la conception du possible chez Edmund Husserl et Martin Heidegger. Cette thèse a fait l’objet d’une publication aux Presses Universitaires de France en 2016.

Intégrée à l’UT2J en 2015, elle est aujourd’hui maîtresse de conférences au laboratoire ERRAPHIS et spécialiste de ce courant spécifique de la philosophie qu’est la phénoménologie. L’université y gagne un membre impliqué et appliqué.

Vous avez dit « phénoménologie » ?
La phénoménologie, mouvement philosophique qui a vu le jour en Allemagne au début du XXe siècle, a une réception très importante en France, menée par des philosophes français comme Emmanuel Lévinas, Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty.
En France comme à l’étranger, la phénoménologie est encore de nos jours un mouvement d’une grande vitalité.
Véritable tournant dans l’histoire de la philosophie, la phénoménologie a la particularité de redonner corps à la subjectivité, de réhabiliter l’expérience vécue.

Arrivée à un moment clé de son parcours, Claudia Serban a déposé un projet de recherche à l’Institut Universitaire de France ayant pour intitulé : « Parentalité et filialité : une phénoménologie concrète de l'intersubjectivité générative à l'épreuve des sciences humaines et sociales ».

Edmund Husserl Générativité, concept clé à actualiser
Au cœur de ce projet, la notion de générativité, concept développé par Edmund Husserl exprimant l’idée selon laquelle chaque individu s’inscrit dans une filiation et des liens à de multiples niveaux : de la famille à la génération, à la communauté, à la nation, à l’humanité toute entière. L’individu est ainsi façonné par ce qui le précède et par ce qu’il laisse en héritage aux générations futures.  
Claudia Serban entend reprendre cette notion et toute la réflexion philosophique sur l’être parent qui y est associée dans son projet IUF, en y ajoutant les acquis et ressources de la phénoménologie contemporaine, féministe et critique en particulier, afin de lever certains biais culturels.

Redonner sa place à l’humain
Toute sa réflexion sera ainsi nourrie par les apports de deux prolongements contemporains de la phénoménologie.
La phénoménologie féministe, assez peu représentée en France, mais qui pourtant propose des contributions incontournables, permet de revisiter la lecture des textes classiques et de se rendre sensible à leurs enjeux et présupposés sociaux et politiques. Le projet de recherche IUF présente donc un volet sur la réception de la phénoménologie féministe contemporaine, anglophone notamment.
La phénoménologie critique insiste quant à elle sur la nécessité de réévaluer la méthode appliquée en philosophie et de s'ouvrir davantage aux savoirs empiriques, notamment aux sciences humaines et sociales.  

Un projet ouvert aux collaborations disciplinaires
L’originalité du projet proposé par Claudia Serban tient en effet aussi à son ouverture vers les sciences humaines et sociales, et en particulier vers l'anthropologie, la sociologie et la psychologie.
Il est question d’entrer réellement en dialogue avec ces disciplines et leurs approches associées sur le terrain des faits, afin d’aller à la rencontre des subjectivités individuelles.
L’intégration d’autres discours va permettre ainsi d'élargir au maximum la palette des récits sur lesquels l’élaboration philosophique va s'appuyer.

Claudia Serban a à cœur que cette ouverture disciplinaire se fasse en collaboration avec des chercheurs de l’UT2J. Elle pourra compter notamment sur d’enrichissants échanges avec Anne-Sophie Giraud, chargée de Recherche au laboratoire LISST dans le champ de l’anthropologie du corps et Julie Jarty, maîtresse de conférences en sociologie.
Nombreux sont aussi les projets en commun, actuels et à venir, avec ses collègues au laboratoire ERRAPHIS, dont notamment Elsa Dorlin, Hourya Bentouhami et Flora Bastiani, chacune spécialiste de champs précis de la philosophie contemporaine ou de la phénoménologie.

Campagne IUF 2024 L’IUF, une respiration dans une riche carrière professionnelle
Apportant « l'oxygène cognitif » nécessaire, la décharge due à l’obtention de l’IUF va permettre à Claudia Serban de mener plus sereinement ce nouveau projet de recherche d’envergure, tout en accentuant sa dimension collective avec la mise en place de colloques internationaux, d'invitations de professeurs étrangers à Toulouse et de séjours de recherche en Europe.

La chercheuse engagée précise qu’elle est compte également poursuivre ses missions d’encadrement de la recherche, elle qui a participé à la coordination du master international Erasmus Mundus EuroPhilosophie pendant de nombreuses années et qui est encore responsable du master de recherche Philosophies contemporaines et plurielles au département de philosophie.
Très tournée vers la formation, elle se propose d’envisager la création d'un nouveau master pluridisciplinaire, pont entre la philosophie, l’anthropologie et la sociologie, à l’instar de son projet IUF.