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Conférence : 1968, crise médiatique ?
Publié le 22 février 2018 – Mis à jour le 26 novembre 2018
Ouverture du cycle 2018 des Savoirs Partagés, avec une riche conférence de Bibia Pavard, MCF en histoire des médias, Université Panthéon-Assas Paris
Le 13 février dernier s’est ouvert le cycle 2018 des Savoirs Partagés, consacré cette année au thème « Mai 68 et après ? » avec la conférence de Bibia Pavard. Maitresse de conférences en histoire à l'Institut français de presse de l’Université Panthéon-Assas Paris, spécialisée en histoire contemporaine, elle s'intéresse plus particulièrement à l'histoire du féminisme en lien avec l'histoire des médias.
Après l’ouverture officielle du cycle de conférences 2018 par Nathalie Dessens, vice-présidente en charge de la diffusion des savoirs et une introduction permettant de mieux connaitre la conférencière menée par Marlène Coulomb Gully, Professeure en communication politique à l’Université Toulouse - Jean Jaurès, laboratoire LERASS, la conférence est revenue sur les aspects médiatiques des événements de mai et juin 1968 en France.
La conférencière Bibia Pavard, pour commencer, dresse d’abord un état des lieux de la situation pour mieux comprendre les liens ambigus entretenus entre les médias et les évènements de Mai 68.
D’un point de vue historique, Mai 68 constitue un véritable mythe du fait du traitement médiatique qui en a été fait : on retient des slogans emblématiques et des récits glorifiés des évènements de mai mais on oublie complétement le mois de juin, où pourtant les grèves se poursuivent et où les élections législatives se déroulent. On présente des acteurs vedettes, ces étudiants et enfants du baby-boom révoltés, de plus en plus politisés, et on oublie de citer l’insubordination ouvrière. Géographiquement, le focus est centré sur le quartier latin à Paris, alors que c’est toute la France qui entre en révolte, les contestations sont transnationales et les mouvements de crise vont résonner jusqu’aux Antilles. Les médias accentuent les stéréotypes en ne rendant qu’une mémoire partielle des évènements.
Dans un exposé clair, illustré et très structuré, Bibia Pavard présente ensuite un panorama de la situation des médias pendant la crise. Les évènements de mai et juin 68 viennent remettre en cause la place des médias dans la société, la crise est aussi celle de l’info.
A la télévision, l’enjeu du traitement de l’information est central puisqu’en 1968, 61% des foyers sont équipés d’un poste. Le conflit étudiant est bien couvert par les chaines, avec des images de la situation à Nanterre dans des émissions à grande audience, mais le discours d’accompagnement est gouvernemental et ne laisse que peu de place au discours étudiant. Autre exemple, le 10 mai 68, l’émission « Panorama » consacrée à la situation étudiante est déprogrammée. Une censure largement dénoncée par les étudiants, syndicats et journalistes qui réclament un traitement libre des évènements et entrent en grève.
Autre média essentiel pour couvrir l’évènement, la radio. Les radios périphériques (Europe 1, RTL…) notamment offrent une plus grande liberté de ton et sont davantage fidèles aux faits. Lors des affrontements entre étudiants et policiers, elles proposent un suivi en direct, les manifestants, via leurs transistors reçoivent donc l’information en temps réel, ce qui influence leurs déplacements. Le 23 mai 68, le gouvernement coupe les ondes courtes, ce qui provoque un appel à la grève général.
Les médias subissent aussi la grève (imprimeries bloquées, journalistes en grève…) mais devant l’impératif d’information, les difficultés de production sont contournées, les rédactions s’adaptent. Les journaux continuent de paraitre, tenant plus au moins leur périodicité. A France Inter, les journaux et émissions d’information continuent d’être produits alors que la radio est en grève.
Pour conclure son intervention, Bibia Pavard révèle que les évènements de mai et juin 68 ont poussé les médias à faire preuve d’une très grande créativité. Différentes expériences sont mises en place, des journaux comme Libération, Charlie Hebdo et Hara-Kiri voient le jour dans cette période. La presse militante, reflet des revendications, est foisonnante. Elle s’oppose dans une vive bataille médiatique à la contre propagande gaulliste. Des techniques de vidéo légère se développent aussi pour pouvoir suivre les luttes au plus près.
Après les médias, ce sont les rapports entretenus entre le monde de la culture et Mai 68 qui seront abordés dans la prochaine conférence des Savoirs Partagés, par Pascal Ory, Professeur d’histoire à l’Université Paris 1 Sorbonne, programmée le 4 avril prochain.
Lien vers la vidéo de la conférence.
Après l’ouverture officielle du cycle de conférences 2018 par Nathalie Dessens, vice-présidente en charge de la diffusion des savoirs et une introduction permettant de mieux connaitre la conférencière menée par Marlène Coulomb Gully, Professeure en communication politique à l’Université Toulouse - Jean Jaurès, laboratoire LERASS, la conférence est revenue sur les aspects médiatiques des événements de mai et juin 1968 en France.
La conférencière Bibia Pavard, pour commencer, dresse d’abord un état des lieux de la situation pour mieux comprendre les liens ambigus entretenus entre les médias et les évènements de Mai 68.
D’un point de vue historique, Mai 68 constitue un véritable mythe du fait du traitement médiatique qui en a été fait : on retient des slogans emblématiques et des récits glorifiés des évènements de mai mais on oublie complétement le mois de juin, où pourtant les grèves se poursuivent et où les élections législatives se déroulent. On présente des acteurs vedettes, ces étudiants et enfants du baby-boom révoltés, de plus en plus politisés, et on oublie de citer l’insubordination ouvrière. Géographiquement, le focus est centré sur le quartier latin à Paris, alors que c’est toute la France qui entre en révolte, les contestations sont transnationales et les mouvements de crise vont résonner jusqu’aux Antilles. Les médias accentuent les stéréotypes en ne rendant qu’une mémoire partielle des évènements.
Dans un exposé clair, illustré et très structuré, Bibia Pavard présente ensuite un panorama de la situation des médias pendant la crise. Les évènements de mai et juin 68 viennent remettre en cause la place des médias dans la société, la crise est aussi celle de l’info.
A la télévision, l’enjeu du traitement de l’information est central puisqu’en 1968, 61% des foyers sont équipés d’un poste. Le conflit étudiant est bien couvert par les chaines, avec des images de la situation à Nanterre dans des émissions à grande audience, mais le discours d’accompagnement est gouvernemental et ne laisse que peu de place au discours étudiant. Autre exemple, le 10 mai 68, l’émission « Panorama » consacrée à la situation étudiante est déprogrammée. Une censure largement dénoncée par les étudiants, syndicats et journalistes qui réclament un traitement libre des évènements et entrent en grève.
Autre média essentiel pour couvrir l’évènement, la radio. Les radios périphériques (Europe 1, RTL…) notamment offrent une plus grande liberté de ton et sont davantage fidèles aux faits. Lors des affrontements entre étudiants et policiers, elles proposent un suivi en direct, les manifestants, via leurs transistors reçoivent donc l’information en temps réel, ce qui influence leurs déplacements. Le 23 mai 68, le gouvernement coupe les ondes courtes, ce qui provoque un appel à la grève général.
Les médias subissent aussi la grève (imprimeries bloquées, journalistes en grève…) mais devant l’impératif d’information, les difficultés de production sont contournées, les rédactions s’adaptent. Les journaux continuent de paraitre, tenant plus au moins leur périodicité. A France Inter, les journaux et émissions d’information continuent d’être produits alors que la radio est en grève.
Pour conclure son intervention, Bibia Pavard révèle que les évènements de mai et juin 68 ont poussé les médias à faire preuve d’une très grande créativité. Différentes expériences sont mises en place, des journaux comme Libération, Charlie Hebdo et Hara-Kiri voient le jour dans cette période. La presse militante, reflet des revendications, est foisonnante. Elle s’oppose dans une vive bataille médiatique à la contre propagande gaulliste. Des techniques de vidéo légère se développent aussi pour pouvoir suivre les luttes au plus près.
Après les médias, ce sont les rapports entretenus entre le monde de la culture et Mai 68 qui seront abordés dans la prochaine conférence des Savoirs Partagés, par Pascal Ory, Professeur d’histoire à l’Université Paris 1 Sorbonne, programmée le 4 avril prochain.
Lien vers la vidéo de la conférence.