Joyeux anniversaire ! 10 ans déjà que le magazine « Mondes Sociaux » partage les sciences. De sa création à aujourd’hui, Michel Grossetti, chercheur au LISST et fondateur du magazine, et Muriel Lefebvre, chercheuse au LERASS et actuelle rédactrice en chef, retracent l’aventure éditoriale de Monde Sociaux.
Ouvrir la recherche au monde et le monde à la recherche en SHS !
Dès sa création, le magazine Mondes Sociaux est pensé comme un outil de diffusion des connaissances et des résultats de la recherche en Science Humaines et Sociales. 10 ans plus tard, cela n’a pas changé !
Le magazine poursuit la même vocation de diffusion, selon la ligne éditoriale conçue par Michel Grossetti, qui déclare :
« Nous avons été originaux sans chercher à l’être : nous voulions surtout créer quelque chose d’accessible au public et où les chercheurs prennent la parole directement. Publier en ligne était donc évident. Et sans l’intermédiaire de journalistes professionnels : qui de mieux placé que le chercheur pour parler de sa recherche ? »
Muriel Lefebvre, aujourd’hui rédactrice en chef du magazine, confie également l’importance de cette ligne éditoriale stable :
« En France, Monde Sociaux est le seul magazine scientifique à destination d’un large public créé et géré par des chercheurs. C’est très important pour nous parce que cela garantit autant la qualité scientifique de ses contenus, accessibles gratuitement, que l’indépendance des recherches ainsi publiées, vis-à-vis des institutions et des instances de recherche. »
Chercheurs.ses online : s’adapter, informer et s’informer !
La diffusion d’articles sur le web est très différente d’une édition académique. En plus d’un travail de rédaction original pour le chercheur, les pratiques éditoriales sont spécifiques. Mondes Sociaux a su s’adapter aux chercheurs, aux publics et à l’évolution rapide des usages numériques.
Michel Grossetti explique cette évolution grâce au travail d’équipe :
« Nous avons ajusté au fur et à mesure ce qui nous semblait nécessaire. Robert Boure et Sébastien Poublanc ont été les principaux concepteurs du site et de la mise en forme des contenus. Ils ont rapidement trouvé une forme adaptée aux usages du web et aux attentes des lecteurs non-spécialistes. Ils ont également très vite compris l’importance des médias sociaux pour gagner en visibilité. D’autres formats ont pu ainsi voir le jour, notamment grâce au travail de Manon Champier pour "Avides de Recherche". »
La pluralité des formats n’est pas la seule évolution de Monde Sociaux. Muriel Lefebvre souligne l’ouverture à l’international du magazine, pensée très tôt, le magazine accueillant des articles en traduction anglophones et hispanophones :
« Mondes Sociaux s’est dès le départ centré sur un public diversifié : il s’est donc rapidement adapté à ses attentes. Les vidéos et les podcasts répondent à de nouveaux goûts et de nouvelles attentes de contenus qui accompagnent nos activités quotidiennes. Puisque l’idée centrale est de rendre accessible, ces formats sont tout à fait adaptés ! Les traductions vont aussi dans ce sens et nous voulons poursuivre dans cette voie ! »
Rendez-vous dans 10 ans ?
Pour les chercheurs, le principe est resté le même au cours de la décennie : proposer une adaptation pour le grand public un écrit scientifique (article, chapitre ou livre) déjà publié dans le monde académique. Michel Grossetti et Muriel Lefebvre sont unanimes sur la question : la « recette » de Monde Sociaux ne changera pas pour la décennie à venir !
« Le magazine est ouvert à toutes les propositions d’articles dans toutes les disciplines SHS. Que vous soyez doctorants, jeunes docteurs, ou chercheurs, ce que le comité éditorial regarde, c’est l’origine académique de votre texte : déjà publié et accessible à un lecteur non-spécialiste. C’est un exercice à part entière, mais qui permet de décentrer son regard de chercheur ! » rappelle Muriel Lefebvre.
Ce sont donc les ingrédients qui seront sans doute amenés à évoluer : plus de formats audiovisuels, un graphisme adapté aux évolutions numériques, une plus grande ouverture à l’international… les perspectives d’évolution ne manquent pas !
« Nous pourrions tout à fait imaginer la traduction des articles par une intelligence artificielle, et peut-être même automatiser le travail d’adaptation d’un écrit scientifique en un article grand public. Il ne resterait que le travail de relecture pour s’assurer de la validité du contenu avant diffusion… Est-ce souhaitable ? Je ne sais pas. Mais est-ce possible ? oui, probablement ! » indique Michel Grossetti.
Muriel Lefebvre se dit malgré tout prudente quant à l’avenir de Monde Sociaux : le Labex SMS, qui soutient financièrement Monde Sociaux, est une structure collaborative de recherche qui a déjà été renouvelée… Le mode de financement du magazine devra également évoluer pour rester pérenne.
« Nous verrons comment faire fonctionner Mondes Sociaux au-delà du contrat actuel du Labex. Ce qui est sûr, c’est que nous avons les idées et l’envie de poursuivre cette édition ! Nos lecteurs sont toujours au rendez-vous : nous avons même reçu des demandes de diffusion de nos contenus pour des manuels scolaires ! C’est chouette de voir que la recherche circule autant grâce à nous et ce serait dommage de s’arrêter là ! »