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Nathalie Dessens, vice-présidente de la Commission de la Recherche
Publié le 21 septembre 2023 – Mis à jour le 28 septembre 2023
Dans une rentrée chargée, elle prend le temps de compléter son portrait en 5 questions clés
Nathalie Dessens a été élue vice-présidente de la Commission de la Recherche le 16 mars 2023.
Maître de conférences, puis, à partir de 2001, professeur de civilisation et histoire nord-américaines à l’UT2J, ses recherches portent sur l’histoire de la Louisiane au XIXe siècle, les sociétés de plantation, les esclavages, ainsi que les questions mémorielles dans les Amériques aujourd’hui. Elle est membre du CAS, Centre for Anglophone Studies.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, elle a obtenu son doctorat intitulé « Le Sud des États-Unis de 1830 à 1860 : littérature et idéologie » à l’UT2J en 1991. En 2000, elle a obtenu son HDR à l'Université Montpellier III-Paul Valéry.
Elle a été directrice de l’école doctorale ALLPH@ (Arts, lettres, langues, philosophie, communication) de 2013 à 2020 et chargée de mission formation à l'École des docteurs de Toulouse de 2015 à 2018.
Depuis 2016, elle était vice-présidente déléguée à la Diffusion des savoirs.
Nathalie Dessens : Et bien, tout d’abord, la rentrée 2023 sera ma première rentrée sans cours et sans étudiants (sauf mes doctorants, bien-sûr). C’est pour le moins étrange après 36 rentrées universitaires ! Ensuite, j’ai délégué à une VP le pilotage de tout ce qui est lien entre science et société (non sans un peu de mal parce que j’aimais bien ce pan de la recherche dans ses liens avec le monde extra-universitaire). Mon emploi du temps est bien (encore plus) chargé en réunions et rendez-vous. J’ai retrouvé les activités de médiation …. que j’avais abandonnées (non sans un certain soulagement) quand j’avais quitté la direction de l’école doctorale…
Je pilote désormais la Commission Recherche, la Conférence de la Recherche et le CAC restreint et, comme je le dis à mes collègues qui siègent (comme je l’ai fait pendant 10 ans), contrairement à eux, je prends beaucoup de retard dans le traitement de mes messages électroniques pendant les conseils et commissions !
Mais je vous rassure, je fais plein de nouvelles choses enthousiasmantes et je rencontre encore plus d’acteurs passionnants de la recherche à l’UT2J.
Nathalie Dessens : Les objectifs sont nombreux et diversifiés. Aider nos chercheurs à faire mieux et plus confortablement leur recherche en les aidant à trouver du temps, des moyens, des aides administratives pour qu’ils puissent se concentrer sur le cœur de leur métier. C’est peut-être le plus important. Porter les couleurs des SHS-ALL dans un environnement en pleine mutation (on pense, bien sûr, à la mise en place de l’Université de Toulouse, mais aussi aux environnements nationaux et internationaux de la recherche), aider nos chercheurs à faire rayonner leur recherche aussi bien en France qu’à l’extérieur des frontières.
J’aimerais aussi qu’on n’oublie pas les villes universitaires d’équilibres et les nombreux campus qui constituent l’UT2J. Les doctorants sont, comme ils l’ont toujours été, une de mes priorités parce qu’ils sont la recherche de demain. Il faut poursuivre les efforts qui ont été faits ces dernières années pour les aider en leur donnant les meilleures conditions possibles pour la réalisation de leur thèse et leur poursuite de carrière.
Enfin, dans les grands domaines qui constituent les priorités d’aujourd’hui, travailler encore et toujours à renforcer et faciliter les liens avec la société. Les Sciences avec et pour la société ne sont pas une expression vide, nous en sommes tous bien conscients et nous devons inventer de nouvelles modalités d’échange, moins « descendantes », sans doute, où la société est en dialogue constant avec les chercheurs. Parmi les chantiers d’importance aussi, une meilleure articulation entre la recherche et les autres activités de l’université. La question était personnelle mais, pour conduire ces nombreux chantiers, je suis bien entourée. Par la toute nouvelle Commission Recherche, par les laboratoires que porte notre établissement, par les services d’appui à la recherche, les services communs et les services centraux.
Nathalie Dessens : Nous avons des moyens, financiers et humains, garantis par l’établissement. Évidemment, comme tout le reste de l’université, nous n’en avons pas assez… Nous continuerons à tenter d’en avoir plus… dans l’établissement, bien sûr, mais aussi auprès de nos tutelles. Des opportunités s’offrent à nous, nous l’espérons, dans le cadre de TIRIS et de l’Université de Toulouse. Il faudra que nous nous donnions les moyens de nous en saisir. Nous continuerons aussi à œuvrer auprès des collectivités territoriales pour construire avec elles des actions communes. Enfin, nous continuerons de nous employer à renforcer les dispositifs pour aider les chercheurs à obtenir des financements. Grâce aux nombreux programmes portés par nos collègues ces dernières années, notre université a gagné en compétences dans la gestion de ces programmes. Nous essaierons encore et toujours de renforcer les structures pour aider les chercheurs à porter des projets. D’autant que la moisson 2023 des IUF et ANR a été riche.Let’s talk in english ! What else ?
Nathalie Dessens : Difficult question… In many fields, US research is extremely dynamic. Although there might be various theoretical schools and different methodologies on both sides of the Atlantic, I do not think it is really a question of practices. Debates are ongoing between French and US scholars, and I think the results of the research we conduct on both sides of the Atlantic are complementary. Our respective findings produce an efficient cross-fertilization.
Concerning the conditions and environment of research, the two systems are very different and there are many pros and cons in the two systems. Our situation is much more comfortable as it is a long-term situation. Our American colleagues must comply with the tenure system, they must be extremely productive to make sure they keep their position, and departments can close in an eye blink, leaving all those working in them unemployed.
On the other hand, the conditions are extremely favorable for those of our US colleagues who have a tenured position. They are better paid, are provided more individual financing, have regular systematic sabbaticals, three months of summer break to conduct research (and take some vacations!), and can have a lighter teaching load if they direct Master’s or PhD students or edit scientific journals, for instance. So, it is difficult to give a definite assessment of which system is more favorable. But I think that the pros and cons combined make for the dynamism of research both here and there.
Nathalie Dessens : Je crois que je commencerais par lui expliquer que la recherche ne se fait pas toujours dans un laboratoire, vêtu d’une blouse blanche, avec des expériences dans des tubes à essai. Que la recherche est faite pour aider à comprendre et à progresser. Que ses résultats bénéficient à toute la vie sur (et de) la planète. Aux humains, bien sûr (en trouvant des nouvelles façons de les aider à vivre mieux et en bonne santé), aux animaux (en les protégeant, en les soignant, en faisant en sorte qu’eux aussi vivent mieux), à la planète tout entière (en protégeant la biodiversité, en luttant contre le réchauffement climatique), à nous faire découvrir des horizons insoupçonnés dans l’espace, dans les océans, dans la terre, sur la terre.
Mais je lui expliquerais aussi qu’à l’UT2J, nous cherchons à comprendre les sociétés, celles du passé (en histoire ou en archéologie), mais aussi celles d’aujourd’hui, leurs différences, leurs modes d’organisation (en sociologie, par exemple, ou en géographie), le fonctionnement humain (en psychologie), les productions humaines (en littérature, en arts, en cinéma), les différences entre les cultures, et bien d’autres domaines que j’ai oubliés dans la liste mais que je pourrais ajouter dans la discussion. Tout cela pour proposer des solutions à des problèmes. Parce que comprendre c’est déjà progresser. Et je lui dirais que nous avons tous des moyens différents d’effectuer cette recherche, dans les archives, dans les musées, dans la littérature, mais aussi avec des personnes dont nous écoutons les témoignages. Et aussi en utilisant des machines (et même parfois des tubes à essai).
Mais je lui dirais surtout que la recherche c’est une entreprise collective qui ne progresse que dans l’échange et le dialogue. Et je suis sûre qu’il me poserait des tas de questions pièges, des « pourquoi » auxquels je répondrais par « parce que », comme les adultes savent si bien le faire ! Et qu’il ne lâcherait pas le morceau et ne se contenterait pas de ces réponses ! Alors, je l’emmènerais visiter ce qui, j’en suis sûre, est le lieu favori des enfants, l’ostéothèque de la plateforme Archéoscience !
Maître de conférences, puis, à partir de 2001, professeur de civilisation et histoire nord-américaines à l’UT2J, ses recherches portent sur l’histoire de la Louisiane au XIXe siècle, les sociétés de plantation, les esclavages, ainsi que les questions mémorielles dans les Amériques aujourd’hui. Elle est membre du CAS, Centre for Anglophone Studies.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, elle a obtenu son doctorat intitulé « Le Sud des États-Unis de 1830 à 1860 : littérature et idéologie » à l’UT2J en 1991. En 2000, elle a obtenu son HDR à l'Université Montpellier III-Paul Valéry.
Elle a été directrice de l’école doctorale ALLPH@ (Arts, lettres, langues, philosophie, communication) de 2013 à 2020 et chargée de mission formation à l'École des docteurs de Toulouse de 2015 à 2018.
Depuis 2016, elle était vice-présidente déléguée à la Diffusion des savoirs.
Voici son portrait en 5 questions…
• La question facile
Vous étiez VP Diffusion des Savoirs auparavant. En tant que VP Recherche, qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien ?
Nathalie Dessens : Et bien, tout d’abord, la rentrée 2023 sera ma première rentrée sans cours et sans étudiants (sauf mes doctorants, bien-sûr). C’est pour le moins étrange après 36 rentrées universitaires ! Ensuite, j’ai délégué à une VP le pilotage de tout ce qui est lien entre science et société (non sans un peu de mal parce que j’aimais bien ce pan de la recherche dans ses liens avec le monde extra-universitaire). Mon emploi du temps est bien (encore plus) chargé en réunions et rendez-vous. J’ai retrouvé les activités de médiation …. que j’avais abandonnées (non sans un certain soulagement) quand j’avais quitté la direction de l’école doctorale…
Je pilote désormais la Commission Recherche, la Conférence de la Recherche et le CAC restreint et, comme je le dis à mes collègues qui siègent (comme je l’ai fait pendant 10 ans), contrairement à eux, je prends beaucoup de retard dans le traitement de mes messages électroniques pendant les conseils et commissions !
Mais je vous rassure, je fais plein de nouvelles choses enthousiasmantes et je rencontre encore plus d’acteurs passionnants de la recherche à l’UT2J.
• La question profonde
Vous portez un projet pour la politique de recherche à UT2J. Quels objectifs vous êtes-vous fixés au cours de votre mandat ?
Nathalie Dessens : Les objectifs sont nombreux et diversifiés. Aider nos chercheurs à faire mieux et plus confortablement leur recherche en les aidant à trouver du temps, des moyens, des aides administratives pour qu’ils puissent se concentrer sur le cœur de leur métier. C’est peut-être le plus important. Porter les couleurs des SHS-ALL dans un environnement en pleine mutation (on pense, bien sûr, à la mise en place de l’Université de Toulouse, mais aussi aux environnements nationaux et internationaux de la recherche), aider nos chercheurs à faire rayonner leur recherche aussi bien en France qu’à l’extérieur des frontières.
J’aimerais aussi qu’on n’oublie pas les villes universitaires d’équilibres et les nombreux campus qui constituent l’UT2J. Les doctorants sont, comme ils l’ont toujours été, une de mes priorités parce qu’ils sont la recherche de demain. Il faut poursuivre les efforts qui ont été faits ces dernières années pour les aider en leur donnant les meilleures conditions possibles pour la réalisation de leur thèse et leur poursuite de carrière.
Enfin, dans les grands domaines qui constituent les priorités d’aujourd’hui, travailler encore et toujours à renforcer et faciliter les liens avec la société. Les Sciences avec et pour la société ne sont pas une expression vide, nous en sommes tous bien conscients et nous devons inventer de nouvelles modalités d’échange, moins « descendantes », sans doute, où la société est en dialogue constant avec les chercheurs. Parmi les chantiers d’importance aussi, une meilleure articulation entre la recherche et les autres activités de l’université. La question était personnelle mais, pour conduire ces nombreux chantiers, je suis bien entourée. Par la toute nouvelle Commission Recherche, par les laboratoires que porte notre établissement, par les services d’appui à la recherche, les services communs et les services centraux.
• La question brûlante
Vous venez de lister vos grands objectifs pour la Recherche à UT2J. Quels sont les moyens disponibles et ceux que vous irez chercher pour remplir votre mission ?
Nathalie Dessens : Nous avons des moyens, financiers et humains, garantis par l’établissement. Évidemment, comme tout le reste de l’université, nous n’en avons pas assez… Nous continuerons à tenter d’en avoir plus… dans l’établissement, bien sûr, mais aussi auprès de nos tutelles. Des opportunités s’offrent à nous, nous l’espérons, dans le cadre de TIRIS et de l’Université de Toulouse. Il faudra que nous nous donnions les moyens de nous en saisir. Nous continuerons aussi à œuvrer auprès des collectivités territoriales pour construire avec elles des actions communes. Enfin, nous continuerons de nous employer à renforcer les dispositifs pour aider les chercheurs à obtenir des financements. Grâce aux nombreux programmes portés par nos collègues ces dernières années, notre université a gagné en compétences dans la gestion de ces programmes. Nous essaierons encore et toujours de renforcer les structures pour aider les chercheurs à porter des projets. D’autant que la moisson 2023 des IUF et ANR a été riche.
• La question so hype
Let’s talk in english ! What else ?
You are a researcher specializing in American civilization. In your opinion, are there good ideas in American research practices ?
Nathalie Dessens : Difficult question… In many fields, US research is extremely dynamic. Although there might be various theoretical schools and different methodologies on both sides of the Atlantic, I do not think it is really a question of practices. Debates are ongoing between French and US scholars, and I think the results of the research we conduct on both sides of the Atlantic are complementary. Our respective findings produce an efficient cross-fertilization.
Concerning the conditions and environment of research, the two systems are very different and there are many pros and cons in the two systems. Our situation is much more comfortable as it is a long-term situation. Our American colleagues must comply with the tenure system, they must be extremely productive to make sure they keep their position, and departments can close in an eye blink, leaving all those working in them unemployed.
On the other hand, the conditions are extremely favorable for those of our US colleagues who have a tenured position. They are better paid, are provided more individual financing, have regular systematic sabbaticals, three months of summer break to conduct research (and take some vacations!), and can have a lighter teaching load if they direct Master’s or PhD students or edit scientific journals, for instance. So, it is difficult to give a definite assessment of which system is more favorable. But I think that the pros and cons combined make for the dynamism of research both here and there.
• La question déconcertante
Si vous deviez expliquer à un enfant de 10 ans ce qu’est la recherche en général, et à l’UT2J en particulier, que lui diriez-vous ?
Nathalie Dessens : Je crois que je commencerais par lui expliquer que la recherche ne se fait pas toujours dans un laboratoire, vêtu d’une blouse blanche, avec des expériences dans des tubes à essai. Que la recherche est faite pour aider à comprendre et à progresser. Que ses résultats bénéficient à toute la vie sur (et de) la planète. Aux humains, bien sûr (en trouvant des nouvelles façons de les aider à vivre mieux et en bonne santé), aux animaux (en les protégeant, en les soignant, en faisant en sorte qu’eux aussi vivent mieux), à la planète tout entière (en protégeant la biodiversité, en luttant contre le réchauffement climatique), à nous faire découvrir des horizons insoupçonnés dans l’espace, dans les océans, dans la terre, sur la terre.
Mais je lui expliquerais aussi qu’à l’UT2J, nous cherchons à comprendre les sociétés, celles du passé (en histoire ou en archéologie), mais aussi celles d’aujourd’hui, leurs différences, leurs modes d’organisation (en sociologie, par exemple, ou en géographie), le fonctionnement humain (en psychologie), les productions humaines (en littérature, en arts, en cinéma), les différences entre les cultures, et bien d’autres domaines que j’ai oubliés dans la liste mais que je pourrais ajouter dans la discussion. Tout cela pour proposer des solutions à des problèmes. Parce que comprendre c’est déjà progresser. Et je lui dirais que nous avons tous des moyens différents d’effectuer cette recherche, dans les archives, dans les musées, dans la littérature, mais aussi avec des personnes dont nous écoutons les témoignages. Et aussi en utilisant des machines (et même parfois des tubes à essai).
Mais je lui dirais surtout que la recherche c’est une entreprise collective qui ne progresse que dans l’échange et le dialogue. Et je suis sûre qu’il me poserait des tas de questions pièges, des « pourquoi » auxquels je répondrais par « parce que », comme les adultes savent si bien le faire ! Et qu’il ne lâcherait pas le morceau et ne se contenterait pas de ces réponses ! Alors, je l’emmènerais visiter ce qui, j’en suis sûre, est le lieu favori des enfants, l’ostéothèque de la plateforme Archéoscience !