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#2 . Vincent Latour, le sens du collectif
Publié le 28 avril 2021 – Mis à jour le 5 septembre 2022
Vincent Latour étudie les politiques d’immigration et d’intégration au Royaume Uni et en France. Dans sa recherche comme dans son enseignement, il est surtout un homme de liens.
« Les lieux sont aussi des liens et ils sont notre mémoire » dit l’écrivain Philippe Besson dans son roman Les jours fragiles. S’il n’est pas devenu son lieu de vie, Bristol en Angleterre, est indéniablement la ville qui a déterminé le parcours de Vincent Latour. Celle qui, au hasard d’un voyage, l’a amenée à son métier d’enseignant-chercheur.
Le premier contact se fait à l’adolescence. Collégien en classe de troisième, Vincent Latour découvre qu’une association culturelle baptisée Bordeaux-Bristol, propose des échanges de trois semaines avec un correspondant anglais. Il atterrit donc dans la jolie ville portuaire de l’ouest du Royaume-Uni, dans un quartier où résident beaucoup d’immigrés pakistanais, indiens et jamaïcains. Pour celui qui a grandi dans les Landes, le choc est aussi dépaysant que fascinant. Il ne le sait pas encore, mais cet univers multiculturel, côtoyé jusque sur les bancs de l’école, sera son futur terrain de recherche.
Vincent Latour navigue dans une discipline hybride que l’on appelle « Civilisation britannique », et qui emprunte autant à l’Histoire, qu’à la Sociologie, la Science Politique ou encore la Géographie. Comme beaucoup d’autres disciplines universitaires, reconnait-il, à la différence que la sienne n’a pas de section au CNRS.
S’il ne soupçonne même pas l’existence de la recherche en anglais, l’attrait pour la langue anglo-saxonne, elle, naît dès sa rencontre avec Bristol. Il s’oriente naturellement vers un Bac A2 (Lettres et Langues) et ses parents, qui ne sont pas bacheliers, l’encouragent à poursuivre des études supérieures, et pourquoi pas, devenir professeur d’université. Plus pour la sécurité de l’emploi que pour le titre, raconte Vincent Latour dans un sourire. L’étudiant arrive jusqu’en maîtrise et dépose plusieurs candidatures pour être assistant dans une école du secondaire Outre-Manche. Edimbourg en Ecosse, Londres… Mais c’est finalement… à Bristol qu’il est accepté, dans une école multiculturelle. C’est à nouveau à Bristol, au hasard d’un désistement, qu’il est envoyé l’année suivante comme lecteur par son université de Bordeaux III. Presque dix ans après sa première rencontre, la ville, la recherche, et le sujet d’étude – l’immigration- s’imposent à lui comme une évidence. Les lieux sont aussi des liens.
A Bristol, il fréquente les associations communautaires et découvre une organisation extrêmement concurrentielle entre les différentes cultures, où les traditions, notamment indiennes et pakistanaises, continuent d’opérer une forte pression sur les jeunes filles et garçons. Les mariages sont arrangés, les relations sociales contrôlées. Tout cela au cœur d’un système britannique soucieux depuis la fin des années soixante d’instaurer la tolérance et qui autorise les signes religieux. A l’époque, confie Vincent Latour, la recherche en anglais faisait peu de comparaison internationale. Mais sa thèse est repérée par une équipe du CNRS à Bordeaux, qui travaille justement sur les comparaisons européennes. Débutent alors des allers-retours entre Toulouse où il enseigne, et Bordeaux. En France, Vincent Latour travaille sur ce que l’on appelle dans le jargon scientifique « la macro », c’est-à-dire les politiques publiques. L’approche comparatiste permet de comprendre comment, depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale se façonnent les politiques d’immigration et d’intégration dans chacun des deux pays.
Une expertise qui lui vaut d’être régulièrement sollicité par les médias. Mais Vincent Latour a aussi l’espoir d’être entendu par le législateur. Notamment, déplore-t-il, lorsque les politiques britanniques ou françaises s’orientent vers des choses dont il sait qu’elles n’ont pas fonctionné dans l’un ou l’autre pays. Son travail dit-il, est le résultat d’une longue infusion qui à son rôle à jouer sur la société.
L’intérêt pour le groupe, Vincent Latour ne le place pas seulement dans la finalité de ses travaux, il est au centre de son métier d’enseignant-chercheur. Et de préciser l’importance du trait d’union entre ces deux fonctions. L’une nourrit l’autre. Elles sont indissociables. Travailler en communauté c’est aussi l’objectif du réseau national et international de chercheurs qu’il a lancé il y a un an, autour de l’étude des migrations et des diversités. Ce Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) baptisé « Migrations et diversités dans les îles britanniques » (MiDib) est basé à l’Université Toulouse - Jean Jaurès. Il regroupe les plus grandes universités françaises, britanniques et américaines. Car les lieux créent aussi des liens…
Le premier contact se fait à l’adolescence. Collégien en classe de troisième, Vincent Latour découvre qu’une association culturelle baptisée Bordeaux-Bristol, propose des échanges de trois semaines avec un correspondant anglais. Il atterrit donc dans la jolie ville portuaire de l’ouest du Royaume-Uni, dans un quartier où résident beaucoup d’immigrés pakistanais, indiens et jamaïcains. Pour celui qui a grandi dans les Landes, le choc est aussi dépaysant que fascinant. Il ne le sait pas encore, mais cet univers multiculturel, côtoyé jusque sur les bancs de l’école, sera son futur terrain de recherche.
Vincent Latour navigue dans une discipline hybride que l’on appelle « Civilisation britannique », et qui emprunte autant à l’Histoire, qu’à la Sociologie, la Science Politique ou encore la Géographie. Comme beaucoup d’autres disciplines universitaires, reconnait-il, à la différence que la sienne n’a pas de section au CNRS.
S’il ne soupçonne même pas l’existence de la recherche en anglais, l’attrait pour la langue anglo-saxonne, elle, naît dès sa rencontre avec Bristol. Il s’oriente naturellement vers un Bac A2 (Lettres et Langues) et ses parents, qui ne sont pas bacheliers, l’encouragent à poursuivre des études supérieures, et pourquoi pas, devenir professeur d’université. Plus pour la sécurité de l’emploi que pour le titre, raconte Vincent Latour dans un sourire. L’étudiant arrive jusqu’en maîtrise et dépose plusieurs candidatures pour être assistant dans une école du secondaire Outre-Manche. Edimbourg en Ecosse, Londres… Mais c’est finalement… à Bristol qu’il est accepté, dans une école multiculturelle. C’est à nouveau à Bristol, au hasard d’un désistement, qu’il est envoyé l’année suivante comme lecteur par son université de Bordeaux III. Presque dix ans après sa première rencontre, la ville, la recherche, et le sujet d’étude – l’immigration- s’imposent à lui comme une évidence. Les lieux sont aussi des liens.
A Bristol, il fréquente les associations communautaires et découvre une organisation extrêmement concurrentielle entre les différentes cultures, où les traditions, notamment indiennes et pakistanaises, continuent d’opérer une forte pression sur les jeunes filles et garçons. Les mariages sont arrangés, les relations sociales contrôlées. Tout cela au cœur d’un système britannique soucieux depuis la fin des années soixante d’instaurer la tolérance et qui autorise les signes religieux. A l’époque, confie Vincent Latour, la recherche en anglais faisait peu de comparaison internationale. Mais sa thèse est repérée par une équipe du CNRS à Bordeaux, qui travaille justement sur les comparaisons européennes. Débutent alors des allers-retours entre Toulouse où il enseigne, et Bordeaux. En France, Vincent Latour travaille sur ce que l’on appelle dans le jargon scientifique « la macro », c’est-à-dire les politiques publiques. L’approche comparatiste permet de comprendre comment, depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale se façonnent les politiques d’immigration et d’intégration dans chacun des deux pays.
Une expertise qui lui vaut d’être régulièrement sollicité par les médias. Mais Vincent Latour a aussi l’espoir d’être entendu par le législateur. Notamment, déplore-t-il, lorsque les politiques britanniques ou françaises s’orientent vers des choses dont il sait qu’elles n’ont pas fonctionné dans l’un ou l’autre pays. Son travail dit-il, est le résultat d’une longue infusion qui à son rôle à jouer sur la société.
L’intérêt pour le groupe, Vincent Latour ne le place pas seulement dans la finalité de ses travaux, il est au centre de son métier d’enseignant-chercheur. Et de préciser l’importance du trait d’union entre ces deux fonctions. L’une nourrit l’autre. Elles sont indissociables. Travailler en communauté c’est aussi l’objectif du réseau national et international de chercheurs qu’il a lancé il y a un an, autour de l’étude des migrations et des diversités. Ce Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) baptisé « Migrations et diversités dans les îles britanniques » (MiDib) est basé à l’Université Toulouse - Jean Jaurès. Il regroupe les plus grandes universités françaises, britanniques et américaines. Car les lieux créent aussi des liens…
Vincent Latour : Professeur des Universités en civilisation britannique. Chercheur au laboratoire Culture anglo-saxonnes (CAS) de l’UT2J. Expert au HCERES (Haut conseil de l’évaluation indépendante de l’enseignement supérieur).