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#4 . Philippe Chométy, chercheur de mots
Philippe Chométy enseigne la littérature du XVIIe siècle. Ses recherches portent plus spécifiquement sur la poésie scientifique du XVIIe. Un genre littéraire peu connu du grand public, que ce chercheur amoureux des mots justes et des savoirs contribue à réhabiliter.
Cette poésie ancienne véhiculait à l’époque les savoirs scientifiques et la connaissance du monde, par des mots, des formes, des images, afin que s’en imprègnent les honnêtes gens, les mondain·e·s, et autres femmes savantes, rebutés par l’ennui et le savoir trop ardu. L’âge d’or de ce genre littéraire est communément attribué aux XVIe et XVIIIe siècles. Le XVIIe lui, n’a fait l’objet d’aucune étude. Encouragé par son professeur Pierre Ronzeaud, Philippe Chométy décide donc de partir à la recherche des poètes scientifiques du XVIIe siècle. Sans aucune garantie d’en rencontrer…
« Route qu’aucun mortel en ses vers n’a tentée : / Le dessein en est grand, le succès malaisé ; / Si je m’y perds, au moins j’aurais beaucoup osé. » (Jean de La Fontaine, Poème du Quinquina, 1682)
Ces vers, fort à propos, du célèbre auteur des fables sont extraits d’un des nombreux poèmes scientifiques du XVIIe siècle que Philippe Chométy a finalement trouvés, validant l’existence d’une grande poésie scientifique au XVIIe siècle. Cette découverte scellera dans le même temps son entrée dans le monde de la recherche universitaire.
Car Philippe Chométy le confie aisément, sa première vocation a d’abord été l’enseignement. C’était même un rêve d’enfant. Une admiration pour le métier, nourrie à travers ceux qui l’ont incarné durant son parcours, depuis la maîtresse d’école jusqu’aux professeurs des classes préparatoires littéraires (Hypokhâgne et Khâgne). D’origine modeste, l’école, dit-il, l’a élevé, au sens le plus noble du terme, le faisant grandir du savoir qu’on lui transmettait. Aujourd’hui c’est avec la même déférence que l’enseignant-chercheur considère son métier : conserver le savoir, le transmettre, le faire fructifier.
Là encore Philippe Chométy explore de nouveaux terrains. Depuis dix ans, il travaille sur la mise en voix de la littérature. Il a créé avec sa collègue de PLH Pascale Chiron un cours expérimental de « mise en voix de la littérature » unique en France, dispensé en L1, en Master création littéraire, et dans le cadre de la préparation au Capes. L’objectif explique-t-il est de placer la lecture à voix haute au cœur du cours et de renouer avec l’émotion des mots dans leur son, avec le plaisir de l’écoute et de la lecture. Alors que les études littéraires initient à la dissertation, au commentaire, à l’explication de texte, dans une approche intellectuelle, la mise en voix donne chair aux mots. Les cours se font debout, face au public. Les étudiants apprennent à gérer leur souffle, à poser leur voix. Et cela fonctionne. Les recherches menées par Philippe Chométy montrent que l’émotion est un facteur essentiel dans l’apprentissage. L’oreille et la voix sont aussi une voie d’accès à la connaissance. Cette innovation académique, Philippe Chométy aimerait aujourd’hui en faire une méthode critique d’analyse littéraire. En attendant, il continue d’exposer les résultats de ses recherches. Il co-organise pour la fin de l’année un colloque sur la présence de la voix.
Il publiera par ailleurs d’ici 2022 une anthologie de poèmes de sciences du XVIIe siècle aux éditions Hermann. Insatiable explorateur, Philippe Chométy a aussi en tête une nouvelle aventure scientifique et littéraire: partir à la recherche de traductions inédites, notamment manuscrites, de Lucrèce (poète philosophe latin du Ier siècle av. J.-C), auteur du premier poème scientifique de l’humanité sur la théorie des atomes, le De rerum natura.
Philippe Chométy : Maître de conférences en littérature française du XVIIe siècle et chercheur, spécialiste de la poésie scientifique du XVIIe siècle, au sein du laboratoire PLH (Patrimoine, Littérature, Histoire) de l’UT2J. Habilité à diriger des recherches. Rédacteur en chef de la Revue Littératures classiques (Presse Universitaires du Midi), revue de référence du XVIe, XVIIe et du XVIIIe siècle, qui a fêté ses 40 ans en 2020. Directeur adjoint des Presse Universitaires du Midi.