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SOLIDAMIN : étudier les solidarités communautaires d’hier dans un projet résolument tourné vers l’avenir
Publié le 28 mars 2024 – Mis à jour le 4 avril 2024
Focus sur ce projet ANR, rattaché au laboratoire FRAMESPA, qui allie histoire et humanités numériques, jeunes chercheurs et réseau international, pour remonter le fil de l’entraide
Lancé en janvier 2022 et courant jusqu’en juin 2026, le projet ANR JCJC SOLIDAMIN est coordonné par Mathilde Monge, Maîtresse de conférences en histoire moderne au laboratoire FRAMESPA. Autour d’elle, une équipe qui s’est structurée au fil des mois, forte de multiples complémentarités.
Centré sur les réseaux d’entraide des minorités et des diasporas dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles, le projet affiche plusieurs objectifs : dresser un large panorama des pratiques d’entraide, les comparer, les valoriser en utilisant les outils numériques actuels et surtout, rendre accessibles ces résultats au plus grand nombre.
Lorsque l’oppression menace l’une d’entre elles, des transferts de fonds et des collectes peuvent être organisées à distance par ses coreligionnaires. Capitaux, personnes, informations et savoir-faire circulent ainsi à travers toute la diaspora pour porter secours à la communauté persécutée, œuvrant aussi à la construction sociale du groupe à distance.
Le projet SOLIDAMIN attend prendre la mesure des opérations de collectes et d’entraide de différents groupes minoritaires et cherche surtout à comparer ces pratiques de solidarité en une analyse transversale globale, tant dans leur parenté que dans leur différence. Pour se faire, il s’appuie sur une collaboration entre treize historiens d’établissements français et européens (Espagne, Angleterre, Pays-Bas), auquel s’ajoute une ingénieure de recherche, ainsi que plusieurs étudiants de master et un développeur web.
Pour alimenter encore davantage cet outil, l’équipe peut s’appuyer sur de précédentes initiatives : les 180 000 notices de la base de données de l’historienne Michèle Magdelaine. Constituée à partir des années 1980, elle présente les informations relatives aux distributions faites aux huguenots dans toute l’Europe jusqu’en 1710. La base de données « Misión de Irlanda » rassemble les informations sur les aides financières accordées par les rois d’Espagne à partir de 1611 pour financer l’évangélisation (la prédication et le culte catholique) en l’Irlande. Ces données sont récupérées, transposées et ainsi pérennisées dans la base de données du projet SOLIDAMIN.
Le travail autour des données est véritablement conséquent. Oriane Manigault, ingénieur d’étude recrutée sur le projet, épaulée par Lila Coudière et Guillaume Cleyet-Merle, étudiants du Master 2 recherche HCP de l’UT2J, travaille à la construction d’un modèle de données efficace et commun à toutes ces informations pourtant très diverses, qui permettra comparaison et édition de statistiques et de cartes. Elle peut s’appuyer sur les plusieurs historiens partenaires du projet pour évaluer la pertinence des informations et tester l’efficience du modèle, comme Lionel Laborie (Université de Leyde, Pays-Bas), Pauline Haour (EPHE), Yves Krumenacker (Lyon 3) ou Michael Gasperoni (Université Paris-Sorbonne / Centre Laurent Mousnier).
L’équipe projet met un point d’honneur à bâtir un modèle interopérable de données en humanités numériques. En open source, les données pourront être réutilisées pour nourrir d’autres projets de recherche.
Pour se faire, l’équipe projet organise depuis le lancement en 2022 des séminaires pour se questionner, discuter et apprendre à penser puis à écrire ensemble. Point d’orgue de cet exercice, les auteurs participeront en juillet prochain à 5 jours de séminaire de travail, organisé à la Fondation des Treilles pour avancer sur la rédaction des chapitres à 4 mains.
Informatif et réflexif, l’ouvrage ainsi rédigé sera également traduit, pour une diffusion la plus large possible.
Avec un budget de fonctionnement de 400 000 euros, le projet SOLIDAMIN entretient des relations très fortes avec des partenaires internationaux comme le Consejo Superior de Investigaciones Científicas – CSIC en Espagne. Une convention a ainsi été signée afin de faciliter le partage de données et plus largement de favoriser la formation des équipes respectives.
Le projet SOLIDAMIN ou tracer les activités de l’entraide d’hier dans la collaboration et la coopération.
Centré sur les réseaux d’entraide des minorités et des diasporas dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles, le projet affiche plusieurs objectifs : dresser un large panorama des pratiques d’entraide, les comparer, les valoriser en utilisant les outils numériques actuels et surtout, rendre accessibles ces résultats au plus grand nombre.
Avant l’humanitaire
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les ruptures religieuses et les guerres déchirent l’Europe. Certaines minorités religieuses à l’instar des judéo-ibériques (Séfarades), des protestants calvinistes comme les huguenots, des juifs germaniques (Ashkénazes) se retrouvent dispersées.Lorsque l’oppression menace l’une d’entre elles, des transferts de fonds et des collectes peuvent être organisées à distance par ses coreligionnaires. Capitaux, personnes, informations et savoir-faire circulent ainsi à travers toute la diaspora pour porter secours à la communauté persécutée, œuvrant aussi à la construction sociale du groupe à distance.
Le projet SOLIDAMIN attend prendre la mesure des opérations de collectes et d’entraide de différents groupes minoritaires et cherche surtout à comparer ces pratiques de solidarité en une analyse transversale globale, tant dans leur parenté que dans leur différence. Pour se faire, il s’appuie sur une collaboration entre treize historiens d’établissements français et européens (Espagne, Angleterre, Pays-Bas), auquel s’ajoute une ingénieure de recherche, ainsi que plusieurs étudiants de master et un développeur web.
Les humanités numériques, pour que les données d’hier servent demain
Les traces de ces manifestations de solidarité sont nombreuses (lettre, compte-rendu de distribution, courrier de remerciement…) mais dispersées dans des archives à travers toute l’Europe. La première étape du projet a donc été de les inventorier et, malgré leur hétérogénéité, d’agréger les contenus dans une base de données commune, créée sur l’interface Geovistory.Pour alimenter encore davantage cet outil, l’équipe peut s’appuyer sur de précédentes initiatives : les 180 000 notices de la base de données de l’historienne Michèle Magdelaine. Constituée à partir des années 1980, elle présente les informations relatives aux distributions faites aux huguenots dans toute l’Europe jusqu’en 1710. La base de données « Misión de Irlanda » rassemble les informations sur les aides financières accordées par les rois d’Espagne à partir de 1611 pour financer l’évangélisation (la prédication et le culte catholique) en l’Irlande. Ces données sont récupérées, transposées et ainsi pérennisées dans la base de données du projet SOLIDAMIN.
Le travail autour des données est véritablement conséquent. Oriane Manigault, ingénieur d’étude recrutée sur le projet, épaulée par Lila Coudière et Guillaume Cleyet-Merle, étudiants du Master 2 recherche HCP de l’UT2J, travaille à la construction d’un modèle de données efficace et commun à toutes ces informations pourtant très diverses, qui permettra comparaison et édition de statistiques et de cartes. Elle peut s’appuyer sur les plusieurs historiens partenaires du projet pour évaluer la pertinence des informations et tester l’efficience du modèle, comme Lionel Laborie (Université de Leyde, Pays-Bas), Pauline Haour (EPHE), Yves Krumenacker (Lyon 3) ou Michael Gasperoni (Université Paris-Sorbonne / Centre Laurent Mousnier).
L’équipe projet met un point d’honneur à bâtir un modèle interopérable de données en humanités numériques. En open source, les données pourront être réutilisées pour nourrir d’autres projets de recherche.
Penser ensemble, écrire ensemble
Le projet SOLIDAMIN a aussi pour objectif la publication d’un ouvrage sur l’histoire croisée des opérations d’entraide, qui proposera à la dizaine d’historiens français, espagnols, néerlandais l’expérience de l’écriture commune.Pour se faire, l’équipe projet organise depuis le lancement en 2022 des séminaires pour se questionner, discuter et apprendre à penser puis à écrire ensemble. Point d’orgue de cet exercice, les auteurs participeront en juillet prochain à 5 jours de séminaire de travail, organisé à la Fondation des Treilles pour avancer sur la rédaction des chapitres à 4 mains.
Informatif et réflexif, l’ouvrage ainsi rédigé sera également traduit, pour une diffusion la plus large possible.
Avec un budget de fonctionnement de 400 000 euros, le projet SOLIDAMIN entretient des relations très fortes avec des partenaires internationaux comme le Consejo Superior de Investigaciones Científicas – CSIC en Espagne. Une convention a ainsi été signée afin de faciliter le partage de données et plus largement de favoriser la formation des équipes respectives.
Le projet SOLIDAMIN ou tracer les activités de l’entraide d’hier dans la collaboration et la coopération.