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Parlons de l'autisme à l'UT2J !
Publié le 6 mars 2024 – Mis à jour le 13 mars 2024
Retour sur la conférence de sensibilisation à l’autisme, proposée par l’association étudiante Handiversité, en partenariat avec l’association La Bulle !
L'autisme, une particularité qui nous touche de près ou de loin
L’association étudiante Handiversité propose ce semestre un projet de conférence autour des questions liées aux handicaps psychiques et cognitifs.La première conférence, sur le thème de l’autisme, s’est tenue le mardi 30 janvier 2024 devant un amphi plein à craquer ! Rencontre avec les étudiantes à l’origine de ce projet…
Interview avec Charlotte Dewarumez-Minot et Marie-Alexia Chaussin
Pourquoi proposez-vous cette conférence ?
Notre conférence a pour objectif de sensibiliser le public à l'autisme, à travers notre expérience personnelle. Dans un premier temps, nous cherchons à déconstruire les idées reçues en expliquant les particularités de l’autisme. Nous évoquons les points forts des autistes, car l'accent est trop souvent mis sur les déficits et inaptitudes. Nous parlons également de la discrimination et des violences ordinaires auxquelles sont confrontées les personnes autistes, pour apporter de nombreuses pistes pour l'inclusion.Nous nous concentrons principalement sur le contexte universitaire et professionnel, car il y a de plus en plus d'étudiants autistes à l'université et il est important que les enseignants, personnels et élèves soient formés pour inclure et accompagner ces étudiants de la meilleure façon. Néanmoins, les informations et conseils que nous donnons sont utiles d'une façon générale. Nous espérons encourager le public à s'ouvrir à la question du handicap et de la neurodiversité d'une manière générale.
D'autre part, beaucoup d'étudiants autistes ou en questionnement viennent assister à nos sensibilisations. La vie étudiante repose beaucoup sur l'entraide, mais les étudiants autistes sont souvent isolés et ne savent pas comment chercher de l'aide. Ces événements sont un bon moyen de les repérer et de les orienter vers des accompagnements appropriés (notamment le pôle handicap, le dispositif Atypie-friendly et l'association des étudiants autistes toulousains La Bulle!).
Quel public était présent lors de la conférence ?
Comme chaque année lorsque nous faisons ces sensibilisations, le public est majoritairement étudiant (autistes et non-autistes). De nombreux étudiants en psychologie sont venus, et ils soulignent l'éclairage que leur apporte le récit d'expériences personnelles par rapport au contenu théorique qu'ils ont en cours. Il y avait également quelques enseignants et personnels de l'université, mais nous avons du mal à toucher ce type de public alors que c'est celui que nous visons en priorité. L'amphi F était plein, avec plus d'une trentaine de personnes assises par terre et dans les escaliers. Nous avons été très touchées par cette affluence !Quelle réception ? Le public était satisfait, avez-vous pu répondre aux attentes de chacun ?
Le public est généralement très satisfait de pouvoir entendre des personnes concernées parler de leur expérience. Nous essayons de proposer un espace de discussion bienveillant et nous avons toujours énormément de questions très intéressantes. Cette année, nous devions terminer à 20h30 et nous avons dépassé d’une heure tant les questions étaient nombreuses !Que retirez-vous de cette conférence ?
Ce genre d'intervention nous demande beaucoup d'efforts et d'énergie, mais pour nous il est très important de porter la parole des personnes concernées. Il est très important de lutter pour l'inclusion et contre la discrimination. Nous espérons apporter notre petite pierre à l'édifice et faire de l'université Toulouse - Jean Jaurès un lieu plus favorable pour l'accueil des étudiants autistes (ainsi que des enseignants et personnels autistes !). Nous avons la chance de parler face à un public sympathique et à l'écoute, ce qui n'est pas toujours le cas lorsque nous intervenons dans d'autres contextes.Quel est votre parcours étudiant ?
Charlotte Dewarumez-Minot : J'ai fait toutes mes études d'histoire de l'art et d'édition à l'université Toulouse – Jean Jaurès. Comme beaucoup de femmes autistes, j'ai eu mon diagnostic très tardivement, au cours de mon master. J'ai donc eu des années de licence très difficiles, puisque sans diagnostic je n'avais pas d'aménagements pédagogiques. Je ne m'en suis sortie que grâce au soutien de mes camarades de promotion. Même après mon diagnostic, j'ai été confrontée à de la discrimination de la part de certains enseignants. Aujourd'hui, je suis doctorante et chargée de cours en histoire de l'art contemporain. En tant qu'enseignante, je fais de mon mieux pour proposer à mes élèves un espace inclusif et bienveillant. Si j'en ai la possibilité, je souhaite poursuivre une carrière d'enseignant-chercheur et je ferai de l'inclusion à l'université l'une des priorités de ma carrière.Marie-Alexia Chaussin : J’ai été diagnostiquée avec un Trouble du Spectre de l’Autisme à l’âge de 36 ans. Aujourd’hui, j’interviens en tant que Job-coach et Consultante Handicap Autisme pour Astypic, une société spécialisée dans l’accompagnement et l’insertion professionnelle des adultes autistes en milieu ordinaire. En parallèle, je suis en fin de formation Master 2 de Psychologie spécialisé dans les troubles neurodéveloppementaux à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, pour lequel je bénéficie de plusieurs aménagements. Au cours de mon parcours, j’ai bénéficié d’une expérience de stage auprès du Référent Handicap du Ministère des Armées de Bordeaux, grâce à la convention signée avec le dispositif Aspie-Friendly. Je sais par expérience que communiquer sur mes particularités de fonctionnement de façon spontanée diminue le risque de discrimination et facilite l’ouverture au dialogue sur des sujets perçus encore trop souvent comme embarrassants. Dans mes choix d’interventions, j’applique les directives de valorisation de l’inclusion et de la diversité, plus spécifiquement de neurodiversité dans le cadre de ma formation. Ces directives correspondent aux valeurs dans lesquelles je souhaite m’engager mais s’avèrent aussi des garants nécessaires pour assurer ma propre insertion professionnelle